Coup de tonnerre en terre bretonne. Olivier Létang n’est plus le président du Stade Rennais, information révélée par Ouest-France avant d’être confirmée par le club lui-même. L’heure est au bilan.
C’était un vendredi agréable et tout bonnement classique. Fin de la semaine, arrivée du week-end et surtout veille d’un derby décisif contre Brest. Sauf qu’une nouvelle allait tout chambouler. Il est 15h30 passé lorsqu’une bombe est lâchée par Ouest-France : Olivier Létang écarté. Annonce rapidement approuvée par le Stade Rennais.
Stupéfaction. Cette nouvelle en a surpris plus d’un parmi les aficionados rennais. Le principal concerné a réagi : « Je remercie François-Henri Pinault qui m’a choisi et qui m’a fait confiance en 2017 pour mener le club. Je tiens également à remercier tous les collaborateurs du club et nos extraordinaires supporters pour leur soutien indéfectible et leur passion. Je vous quitte évidemment à contrecœur mais je ne vous oublierai pas, l’ambiance du Roazhon Park va me manquer et je resterai toujours un fervent supporter du Stade Rennais qui est un club magnifique. » La présidence d’Olivier Létang aura duré presque deux ans et demi, de son arrivée en novembre 2017 à aujourd’hui. La fin a sonnée, l’heure du bilan est arrivée.
Une envie d’évoluer
Le 3 novembre 2017, Olivier Létang débarque en Bretagne afin de pallier le départ de René Ruello. L’ancien joueur de Reims dispose d’une expérience du côté de Reims justement, en tant que directeur général (2006-2012) mais surtout au Paris Saint-Germain où il a été directeur sportif (2012-2017). Un passage au PSG plus que mitigé, générant de la méfiance des supporters rennais lors de son intronisation.
Cependant, Létang va rapidement se montrer entreprenant et motivé à faire bouger les choses. Sa volonté première : rompre avec la lose ambiante qui végète autour du club. Il souhaite apporter du professionnalisme et une structure au sein de l’institution. De fait, Létang adopte un discours ambitieux et ne cache pas son envie de voir grandir le SRFC. Stop à la suffisance visible depuis trop longtemps.
Le Manceau de naissance agit en conséquence sur le marché des transferts, en visant des joueurs d’un certain standing. Voilà comment des joueurs tels qu’Hatem Ben Arfa, Mbaye Niang ou Steven Nzonzi récemment, ont débarqué à Rennes. Il n’hésite pas à sortir le chéquier, contrairement à ce qui se faisait à Rennes auparavant.
Rennes, nouvelle dimension
Lors de son arrivée Létang nomme Sabri Lamouchi, un choix audacieux, compte tenu du maigre CV de l’ex-international français. Bingo ! A l’issue d’une saison aboutie, le club bretillien renoue avec le doux parfum européen. Le premier des succès notables sous Létang.
Mais la métamorphose ne s’arrête pas en si bon chemin. Lamouchi remercié, en raison de résultats décevants, Julien Stéphan va être choisi pour le remplacer. Pour un intérim en premier lieu, avant d’être maintenu définitivement. A partir de ce moment, les Rouge et Noir récoltent une moisson inespérée. Une première victoire en Europa League, suivie d’une qualification en seizièmes et en huitièmes au cours de leur aventure européenne. En avril, le Stade Rennais soulève la Coupe de France, un premier trophée depuis 48 ans. Cette saison 2018/2019 est assurément la plus belle dans la longue histoire du Stade Rennais.
A l’heure actuelle, Rennes se classe à la troisième place du championnat et semble en mesure de lutter encore une fois pour un ticket européen. En somme, le bilan purement sportif de l’ère Létang est incontestable. Un changement de dimension, un honneur retrouvé, un club enfin respecté et bien évidemment ce trophée tant attendu. Létang a apporté une forme de stabilité dans un club qui en avait grand besoin. On peut alors se poser la question, pourquoi cette décision ? Éléments de réponse.
Les raisons de ce départ
Létang a eu des résultats, oui. Mais il dispose aussi de torts. Tout d’abord, dans les relations humaines. Des tensions persistaient entre Olivier Létang et Julien Stéphan, et à plusieurs reprises. L’égo de Létang et son omniprésence sont notamment pointés du doigt. Ainsi, lors du mercato estival la relation entre les deux hommes est au plus mal. Un départ du coach Stéphan est redouté. La situation s’améliorera, sans être fraternelle non plus.
Néanmoins, Létang n’agace pas que le technicien rennais. La relation Lamouchi-Létang demeurait tout aussi glaciale. L’autre couac a eu lieu en fin d’année dernière. Landry Chauvin, directeur du centre de formation depuis plusieurs années, est renvoyé sur décision du président rennais. A sa place, Eric Assadourian rapplique, en provenance du Stade Brestois. Un court passage puisqu’Assadourian démissionne en décembre. Dans le même temps, Cyrille L’Helgouach, directeur du développement, quitte également le navire rennais. Le management d’Olivier Létang est mis en cause pour expliquer ces départs successifs.
Autre échec en sa défaveur, le bilan des mercatos. Alors tout n’est pas à jeter. Sous sa gouverne, Rennes a accueilli des joueurs d’un certain statut comme Ben Arfa, Niang, Raphinha et Nzonzi, et a réalisé de jolis coups à l’instar de Da Silva ou Mendy. En revanche, de cuisants échecs ternissent le tableau. Rennes s’est mis à aligner des sommes imposantes, parfois à tort. Sakho, dont le transfert avoisine les 10 millions d’euros, n’aura marqué que trois buts avant de voir son contrat résilié d’un commun accord. Dans l’effectif actuel, Guitane (8M) et Siebatcheu (9M) ne constituent pas des recrues satisfaisantes. Surtout que s’ajoute à ces indemnités, des salaires conséquents. L’investissement n’est pas rentable.
Vers quel futur ?
Fin de l’aventure Létang, qui va lui succéder ? Jacques Delanoë, président du conseil d’administration, assurera l’intérim. Difficile de trouver un président compétent à cette époque. On ignore les circonstances exactes du départ de Létang même si les raisons exposés précédemment peuvent constituer des motifs d’explications.
La décision n’a pas été reçu de la même manière au sein de la communauté Rouge et Noir entre ceux surpris et indignés et les autres compréhensifs voire satisfaits.
D’accord ou pas, le timing peut laisser à désirer, à la veille d’une rencontre capitale, au Roazhon Park. Tandis que des bruits de couloir affirmaient une grève de certains joueurs, en l’occurrence Mbaye Niang et Hamari Traoré, afin de protester contre l’éviction de Létang, les concernés ont démenti la rumeur.
Il faut simplement souhaiter que le contexte ne nuise au principal intéressé, le club lui-même.
A chacun de forger son avis à la suite de cette décision de la famille Pinault. Quoi qu’il en soit, Létang a participé à la métamorphose du Stade Rennais entrepris ces derniers mois. Et pour ce fait, merci Olivier Létang et bon vent.